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Le journal médical BMJ annonce que l’Angleterre prépare un plan d’envergure destiné à tester chaque semaine l’ensemble de la population anglaise dès 2021.
Pour Boris Johnson : « notre seul espoir d’éviter un deuxième verrouillage national avant un vaccin, ce que le pays ne peut pas se permettre… La mise en œuvre de tests de masse devient une « priorité absolue ».
Soutenir l’activité économique et un retour à la vie normale est une priorité dans le cadre de l’opération Moonshot programme du Royaume-Uni qui devrait coûter plus de 100 milliards de livres sterling.
Des plans sont à l’étude pour réaliser ce programme ; ils prévoient que seront réalisés 10 millions de tests covid-19 par jour dans le cadre de cet énorme budget c’est à dire l’équivalent du budget consacré au service public de santé NHS en Angleterre (130 milliards de livres sterling, environ 110 milliards d’euros ; 130 milliards de dollars),
Ce programme politique serait préparé en dehors de toute contribution de la part des scientifiques, des cliniciens et des experts de la santé publique et des tests et du dépistage et « sans tenir compte des énormes problèmes liés aux programmes de dépistage et de dépistage existants ».
Des entreprises contributives sont citées dont GSK pour la fourniture d’essais, AstraZeneca pour la capacité de laboratoire et Serco et G4S pour la logistique et l’entreposage pour atteindre trois millions de tests par jour d’ici décembre.
Les établissements de santé, pharmacies, écoles et autres sites locaux seraient organisés pour améliorer l’accès aux tests. Des passeports d’immunité numériques seraient délivrés pour permettre aux personnes dont le test est négatif de retourner sur leur lieu de travail, de voyager et de participer à d’autres activités.
Des technologies émergentes, telles que les tests de salive « 20 minutes » actuellement testés à Salford, dans le Grand Mancheste sont étudiées.
Seraient testées, toute personne présentant des symptômes de covid-19 ainsi que les contacts de personnes dont le test est positif.
Le dépistage régulier est également une priorité pour les personnes occupant des postes et des milieux à haut risque, comme ceux des hôpitaux et des maisons de retraite, les groupes ethniques minoritaires, les enseignants, les chauffeurs de bus et les vendeurs.
Des critiques de ce plan s’élèvent déjà. Martin McKee, professeur de santé publique européenne à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a déclaré ce programme porte la marque d’un gouvernement « dont l’ambition dépasse de loin sa capacité à livrer ».
« Ce plan transmet un optimisme sans bornes, ne tenant pas compte des énormes problèmes avec les programmes de test et de traçage existants. Pire encore, il envisage un rôle majeur pour Deloitte, une entreprise qui a présidé nombre de ces problèmes…. Il se concentre sur une seule partie du problème, les tests, et ne dit rien sur ce qui arrivera aux personnes jugées positives, une préoccupation particulière étant donné la faible proportion de ceux qui adhèrent aux conseils d’isolement, en partie à cause du manque de soutien ils sont offerts. »
Quel examen parlementaire y aura-t-il d’un programme qui coûterait presque autant que le budget annuel du NHS ( service public de santé en Angleterre) ?
Un débat tourne aussi autour de la question de savoir si la réalisation du programme serait confiée au NHS public ou au secteur privé.
Pour Jon Deeks, professeur de biostatistique à l’Université de Birmingham et responsable des activités d’évaluation des tests covid-19 de la Cochrane Collaboration, « Le document manque d’informations sur le fonctionnement du dépistage, en particulier sur la nécessité d’équilibrer les préjudices que vous pouvez créer grâce aux faux positifs et les avantages des vrais positifs".
Il déclare : « Nous ne voulons pas faire les mêmes erreurs que la France, où des tests plus larges sont proposés et qui sont utilisés par de nombreuses personnes« bien inquiètes » ce qui entraîne des files d’attente et des retards dans les résultats ».
« Les bénéfices projetés sont basés sur des scénarios optimistes quant à la manière dont ces tests fonctionneraient, quand ils seraient disponibles pour être utilisés et avec quelle facilité ils pourraient être déployés. Je suis horrifié que ces plans soient dépourvus de toute contribution de la part de scientifiques, de cliniciens et d’experts en santé publique et en tests et dépistage. Ce sont des plans du monde des consultants en gestion et montrent une ignorance totale de nombreux principes de base essentiels du dépistage, de la santé publique et du dépistage. Les auteurs semblent totalement inconscients des préjudices que le dépistage universel peut créer - c’est franchement dangereux. »
Deeks souligne aussi que les tests de masse pourraient générer un nombre énorme de faux positifs. « Même si vous avez un test qui est spécifique à 99%, donc seulement 1% des personnes non infectées obtiennent un faux positif, si vous testez ensuite 60 millions de personnes, nous classerons un groupe de la taille de la population de Sheffield comme ayant à tort covid " Dans un tel scénario, 600 000 personnes seraient invitées à s’isoler, ainsi que leurs contacts étroits, ce qui entraînerait « un préjudice économique substantiel et un besoin massif de tests supplémentaires.
A suivre .