Malades vs emploi ?
Ce pourrait être demain le cas si l’on s’en tient aux déclarations d’un responsable d’hôpitaux parisien, indiquant qu’il ne prendra pas l’équivalent du prix des médicaments sortis de la liste en sus dans le cadre de la rémunération forfaitaire. Car cela le contraindrait à modifier l’organisation de son établissement de santé : « Il est hors de question de faire un plan social tous les deux ans », dit-il. Comme si l’accès aux traitements mettait en péril les emplois du personnel hospitalier.
Car, pour tenir l’objectif national de dépenses de l’Assurance maladie, il y a trois variables. La première est celle du juste prix des thérapies innovantes, qui flambent sous la pression des appétits boursiers. La deuxième, celle de l’adaptation structurelle de l’offre de soins notamment pour éviter les 30 % de soins non pertinents ! La troisième, celle de la contrainte sur les assurés sociaux : déremboursements, forfaits (déjà faits) et rationnement des soins. Comme les deux premières variables ne sont pas suffisamment activées, chacun pense que nous allons entrer dans une période de rationnement des soins.
Alerte sur le médicament !
Depuis plusieurs mois maintenant, le monde associatif ne cesse de réclamer de meilleures régulations. Sur le prix des médicaments et sur la pertinence des soins. Il n’est d’ailleurs pas le seul. S’agissant de la liste en sus, l’Inspection générale des affaires sociales, en avril 2012, et la Cour des comptes, en juin 2013, ont établi des recommandations. Elles se recoupent avec celles contenues dans la lettre qu’une trentaine d’oncologues viennent d’adresser à la Ministre chargée de la Santé. Les solutions prônées ne manquent pas non plus de convergences avec les recommandations d’un autre rapport, celui relatif à l’évaluation des médicaments remis il y a quelques mois à peine par Mme Dominique Polton.
Au risque de paraître lancinants dans la répétition, l’agenda « Médicament » est chargé : des prix qui choquent l’opinion, une liste en sus qui doit de ce fait être protégée du rationnement, et une prochaine tension sur la substitution par les bio-similaires. Ne rien faire n’est pas la solution. Faire sans les citoyens non plus.