Une quinzaine d’examens chèrement payée
Je consulte un médecin dermatologue en ville en octobre 2014 pour des taches suspectes sur le pied. Elle m’adresse en consultation hospitalière que j’obtiens la veille de Noël.
Le diagnostic est immédiat : Purpura dont il faut déterminer la cause qui peut être sérieuse, ce qui implique une biopsie faite immédiatement et un hospitalisation pour examens approfondis au CHU. Je ne me sens nullement malade et accueille sans enthousiasme la perspective de rester une semaine à l’hôpital. J’ai alors 81 an, parfaitement autonome et encore en activité, et ma seule faiblesse grave est une insuffisance veineuse chronique depuis 2002, traitée de manière préventive par un traitement anti coagulant continu (Préviscan) et le port de bas de contention depuis 2010.
Je suis hospitalisé le 8 janvier 2015, le lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo. Je rentre au CHU à 14h « pour rien ». Le lendemain matin prise de sang à jeun, jour de l’ attentat contre la superette Kacher ; je m’informe sur une télé minable de l’hôpital, hôpital où aucun Wifi disponible. Je bénéficie d’une permission de 48 heures avant de rentrer vers 20 h à l’hôpital.
Le lundi matin nouvelle prise de sang à jeun puis décision lors de la grande visite de supprimer le traitement anticoagulant et de le remplacer par du Kardégic. Je sors de l’hôpital de 16h à 20h. Cette escapade va entrainer un premier accrochage avec les médecins (interne et chef de clinique) puis avec le cadre de santé qui me tient un discours très formaté sur la responsabilité du CHU et la notification de toute sortie pour mes rendez-vous extérieurs.
Drôle de bilan pour une semaine d’hospitalisation : Rien ne se passe jusqu’au jeudi où je passe un scanner dans un autre établissement de CHU. Une poussée de fièvre à la suite du scanner met en cause une éventuelle sortie de WE car les plannings d’examens sont difficiles à établir. En une semaine, un scanner et une consultation ophtalmo par un interne alors que j’avais eu cet examen fait en ville par un ophtalmo des quinze vingt la semaine précédente. J’arrache une sortie de jour le dimanche, mais je dois attendre 11h l’autorisation de l’interne de garde pourtant présente depuis 9h mais occupée à converser avec son ordinateur. J’arrive chez moi fatigué avec un œdème de la face qui se développe et est constaté par l’infirmière lorsque je rentre à l’hôpital.
Devant ce bilan débile, car depuis le 8/1 je n’avais eu qu’un examen scanner et des prises de sang, je décide, après en avoir parlé avec deux amis, médecin et mon MG traitant, de quitter l’hôpital.
Le lundi matin, j’annonce ma décision lors de la grande visite. Devant ma détermination les praticiens hospitaliers dialoguent et me font accepter une journée d’hospitalisation complémentaire, qui débute par une prise de sang par l’infirmière intérimaire de nuit qui se plaignait de son mal au dos pour s’excuser de rater ses piqures et me charcuter pour chaque tube à prélever.
Puis on l’adresse en consultation ORL à cause de mon œdème de la face. Le médecin ORL s’étonne d’une prescription de scanner de la face que je dois faire après sa consultation. Pui je passe aussi une échographie cardiaque dont les résultats sont bons.
Alors que je vais enfin pouvoir partir vers 17h le mardi 20/1, j’ai de violentes nausées dont je ne dis rien à ce moment-là. Les médecins me font attendre une bonne heure avant de me prescrire une série d’examens à faire en ambulatoire : Consultation urologie, pet scan à Pompidou, échéancier régulier de prises de sang. Je refuse le tout en bloc et rentre chez moi un peu vacillant, après un échange très peu amène avec le chef de clinique et l’interne.
Le retour n’est pas très agréable. Nausée, vomissements que j’impute aux injections suite au second scanner de la face. Un très gros œdème du pied droit rend la marche douloureuse se manifeste. Je vois en consultation le 26/1 mon médecin généraliste qui me prescrit une échographie : thrombose des veines jumelles droites et mise sous anticoagulant immédiatement, avec le traitement suspendu le 12/1 par le CHU. Le lendemain des ulcères s’ouvrent sur l’œdème.
Suivent alors des soins infirmiers quotidiens pendant 3 mois. Je suis resté un mois sans pouvoir marcher et je n’ai pu reprendre la marche réellement que début mai. J’avais pris une année de plus mais j’ai eu l’impression d’avoir vieilli de 10 ans en peu de temps.
J’ai décidé cependant de compléter le bilan en médecine interne. Des examens complémentaires sophistiqués prescrits ont été réalisés (dont le pet scan à Pompidou…) sans donner d’hypothèse autre qu’une maladie auto immune dont l’origine est inconnue. Des examens complémentaires m’étant encore proposés, j’ai décidé d’arrêter de me médicaliser, en accord avec mon médecin généraliste qui me dit qu’à 83 ans, j’ai encore une santé acceptable et qu’il convient de ne pas rechercher de causes à mon purpura qui n’a pas guéri.
J’ai constaté aussi qu’en dehors des photos de mon pied, aucun consentement éclairé ne m’avait été demandé, aucune explication ne m’ayant été fournie par les médecins sur mes examens, le pourquoi et le comment des choses, les bénéfices attendus et les risques encourus de tous ces examens. Je suis sorti de l’hôpital sans aucun document de suite et j’ai dû demander par lettre recommandée mon dossier médical complet. Aucun contact n’a été pris par l’établissement avec le médecin traitant. La relation avec les médecins s’est très vite dégradée. J’ai observé leur enfermement entre eux devant leurs écrans plats et le très faible temps consacré aux relations simplement normales, aux contacts et discussions avec le malade.
Je suis encore très en colère contre les médecins qui ont joué sur un traitement parfaitement stabilisé, sans mesurer les risques que cela entrainait de l’arrêter. Ma surmédicalisation a couté aussi très cher pour la solidarité (plusieurs milliers d’euros)
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